dimanche 3 mars 2019

Des milliers d'heures

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DES MILLIERS D'HEURES

Des milliers d’heures perdues à espérer la chance
Et tant d’instants déçus pleuvant sur ton absence
Des milliers d’heures perdues à déserter la vie
Et tant d’instants vaincus par sa mélancolie

Rien qu’une heure, quelque temps, à quérir
Rien qu’une peur, un tourment, à guérir
Rien qu’une heure, cinq sens, à servir
Rien qu’une peur, un effroi, à sertir

Rien qu’une peur, un effroi, à sertir


Des milliers d’heures perdues à vivre dans l’errance
Et tant d'instants tenus par la désespérance
Des milliers d’heures perdues à essayer d’aimer
Et tant d’instants déchus par la peur d’échouer


Un instant, en janvier, j’avais pour toi brillé
Ce moment, ce temps T, s’était tant fait prier
Notre joie exaucée sept belles années
Puis la pluie étendit son ombre sur nos plaies

Puis la pluie étendit son ombre sur nos plaies
 

Des milliers d’heures perdues sans pouvoir se parler
Et tant d’instants stressés par ce Monde insensé
Des milliers d’heures perdues à se désenchanter
Et tant d’instants battus par des cœurs refermés


Des milliers d’heures perdues pendus aux dépendances
Et tant d’instants fendus par les indifférences
Des milliers d’heures perdues à envier la chance
Et tant d’instants émus, muets sous les silences
 
Rien qu’un leurre, que deux temps, à tuer 
Rien qu’une heure, quelques gens, à louer
Notre amour, irradié, notre terre, désolée
Mon cœur, livré aux feux des forets

Mon cœur, livré aux feux des forets

lundi 28 janvier 2019

Manuèl



Manuèl

Manuèl, le célèbre écrivain inconnu (avec un accent grave et deux talents aiguilles), qui n’était pas le grand Breton que l’on connaît, mais un solide benêt basque, fonda, trois semaines et demi jour pour jour après sa Grande Dépression de d’avril-mai-juin-juillet-août-septembre-1928, le mouvement « i.i.r.r.é.a.l.i.s.t.e. », des innombrables incompris à la recherche des rares éditeurs acceptant de lire et d’interpréter sensiblement leurs textes et leurs écrits. Le Mouvement passa d’abord totalement inaperçu, comme le lui faisait redouter avec juste raison un terrible sentiment prémonitoire. Puis, le temps aidant, il ne prit aucune sorte d’importance, ce qui plongea Manuèl dans la plus profonde et impénétrable indifférence, car il l’avait dissous depuis longtemps déjà, ne vouant plus guère à la littérature et autres incantations scribouillardes à quatre sous et deux balles qu’une très vague et lointaine inclination. Il ne voulait pas finir mal, comme tous ces grands écrivains. C’était bien légitime. Cependant, fort heureusement pour lui du reste, il était assez petit. Du reste, et d’un autre côté, le côté maladroit de préférence, il n’était pas le moins du monde écrivain. Ce qui, du reste, aurait largement dû suffire à le rassurer du reste. Car seulement écrivait-il, comme tout le monde du reste, quelques cartes postales à l’occasion du reste d’un voyage organisé à Lourdes, ou, de temps à autre, une liste du reste de courses à faire à l’épicerie du coin. Pourtant, et en dépit de son indécrottable aversion pour les écrivains, se surprenait-il parfois à écrire du reste des textes d’une beauté fulgurante, inouïe, sublime et foudroyante, des pages et des pages de phrases divines, merveilleuses, et pour tout dire, inégalées du reste. Ce qui contribuait du reste quand même à raviver un peu plus chaque jour son inquiétude relative à ces histoires de grands écrivains qui finissaient mal. Aussi s’attela-t-il dès lors consciencieusement, et ce jusqu’à la fin de son existence, à écrire le moins souvent possible du reste de sa vie, qui, malgré ses efforts du reste sans cesse et sans cesse renouvelés pour ne pas sombrer dans l’écriture, finit quand même, et c’est tant pis pour lui, ou tant mieux, après rien du reste, dans le plus grand dénuement.