dimanche 4 février 2018

LES SENS DE LA VIE


LeS sens de la vie

    

Le sens a-t-il une vie ?

Il s’est trompé, vous dites-vous, c’est dans l’autre sens qu’il faut poser la question : la vie a-t-elle un sens ? C’est ce que l’on se demande fréquemment.

La vie a-t-elle un sens ? Qu’est-ce que j’en sais ? Qui croyez-vous que je sois pour répondre à une question pareille ? Un vendeur représentant placier de Dieu ? Je n’en sais rien si la vie à un sens. D’ailleurs, quel intérêt cela a-t-il de se poser ce genre de question, puisque de toute manière, mis à part quelques illuminés, Abraham, Jésus, Mohamed, Bouddha  (j’ai la liste), personne n’en a jamais rien su, et personne n’en saura jamais rien.

Mettez donc la question dans l’autre sens, comme ça, pour voir. Allez ! Essayez ! Pour me faire plaisir ! Un peu de courage ! Pourquoi n’osez-vous pas ? Personne vous regarde, allez-y, là, maintenant ! Pourquoi non ? Bon, alors je vais le faire pour vous : le sens a-t-il une vie ? Là.   

Vous voyez, ce n’était pas compliqué. Je n’en suis pas mort.

Cela ne veut rien dire, certes, mais c’est plus joli non ?   

Vous ne trouvez pas. Vous estimez que c’est plus absurde dans ce sens que dans l’autre. C’est que vous n’avez aucune imagination. Un lecteur qui me suit dans mon entreprise de déréglementation du sens, pense que ma question est intéressante, qu’il ne l’avait jamais vue sous cet angle, que j’ai bien du courage et du mérite à la poser en ces termes, et que, à bien l’observer, elle a un petit culot, à l’arrière, qui s’adapte parfaitement bien à sa manière d’éclaircir les zones d’ombres.

Le Sens a-t-il une vie donc ? Avec un S majuscule comme Sophie M. 
  
La signification réelle ou supposée des choses et des phénomènes aurait-elle une existence propre, réelle, autonome, un début et une fin dans le temps et dans l’espace, ou bien encore, ne serait-elle que le fruit illusoire de notre imagination ?
  
   - Incroyable cette question ! Tellement énervante dans l’autre sens, mais nue sous cette angle, avec ce nouvel éclairage révolutionnaire, quelle beauté, quelle ouverture, quelle délivrance !

   - Mets ta physique, on part vers l’au-delà, les étoiles, le Big-Bang !

   - Prend tout de même des mathématiques, on ne sait jamais, il risque de faire vrai !

   - D’accord, je les prend toutes, comme ça, on sera bien ouvert ! 

Mais laissons pour le moment cet os à ronger à ces métaphysiciens de l’Absurde, et profitons de cette éclaircie passagère pour nous reposer quelques instants sur le sens de la vie. Il n’y a pas trop de monde par les temps qui courent, on pourra se garer sans problème.


La vie a-t-elle un sens ?   

Ou encore : quel sens aurait la vie si elle en avait un ?   

Ou mieux : quel sens aurait-elle la vie si elle n’en avait qu’un ?   

Ou mieux encore : quel sens aurait-elle la vie si elle n’en avait qu’un et seulement qu’un ?


Le sens de la vie ne serait-il pas d’en avoir plusieurs ?

Chacun d’entre nous n’a-t-il pas son propre sens de la vie ?

Est-il plus sensé qu’un autre ?

S’il l’est moins, faut-il le censurer ? 

S’il l’est plus, est-il forcément nécessaire de l’encenser aux autres ?

N’est-ce pas suffisant ?

 
Mais d’abord, à quoi sert le sens de la vie ?

En plus de nos sens de tous les jours, le toucher, l’ouïe, l’odorat, la vue et le goût, nous serions également affublé du fameux sixième sens de la vie. Un sens tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Tantôt il est midi, il fait beau, la vie est faite pour être heureux sans se poser de questions. Le sens de la vie est au repos. Tantôt il est minuit, il fait noir, la vie est faite pour se poser des questions et avoir un sens que l’on cherche désespérément jusqu’au lendemain matin. Le sens de la vie est en marche.

On se réveille avec une crise de foi et un rhume de cerveau parce que l’on n’a pas fermé l’œil de l’ennui à cause d’une panne des sens.
  
Un seul sens fonctionnait : le sens de la vie. Il a passé toute la nuit à se chercher. Les autres sens étaient tous interdits, et pas contents du tout, car ils n’avaient alors plus aucun sens. Ce qui donnait d’autant plus de sens au sens de la vie, qui continuait à chercher et à chercher en tournant en rond comme un chien court après sa queue pour la tordre. Car le chien possède lui aussi ce sixième sens, ce que beaucoup de gens ignorent. D’ailleurs, le sens de la vie a une vie de chien (ce qui, entre parenthèses, répond en partie à la question posée au début de cette dissertation (qui, entre parenthèses, n’est pas une dissertation, (entre parenthèses, on se demande ce que c’est))).   

Pour conclure, résumons-nous. Pour que le sens de la vie ait un sens et tourne correctement, il faut impérativement comme condition préalable, nécessaire et suffisante, que le toucher touche, que l’ouïe oie, que l’odorat adorât, que le goût goûte, et que la vue voie. Alors la vie vit, et le sens de la vie peut chercher à savoir pourquoi, mais pourquoi donc ? S’il a cinq minutes, il pourrait peut-être aussi m’aider à terminer ma dissertation (qui, entre parenthèses, n’est pas une dissertation, (entre parenthèses, on se demande ce que c’est))). Enfin, je ne voudrais pas non plus qu’il se sente obligé. Je vais essayer de le joindre sur mon portable. Allô ma vie ?! Oui, c’est moi, ça va ? ça va, enfin on fait aller quoi...oui...oui...hum...oui...hum...non ??! Pourquoi ?!! NOOOOOOON ???!!!... Ah, d’accord ! Dis voir, tu peux me passer le sens de ma vie, s’il te plaît merci ? (Silence) Hum ! Ah, d’accord, OK ! Allez, à la prochaine ! Hein ?! Oui,  oui, on se rappelle ! 

Alors voilà, elle me dit que ça sonne occupé.




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