ÉTAT D'URGENCE
(ou la crise de 40 ans)
"Je crois que ce qui a été grave pour
l'espèce humaine, c'est que, les animaux font partie d'un paysage, comme aurait
dit Jacques Monod, ils ont des "pressions de nécessité". Ils y
obéissent. S'ils n'y obéissent pas, ils disparaissent, en tant qu’individus, et
en tant qu'espèce. L'homme s'est retrouvé exactement dans la même situation, seulement il s'est cru en dehors du
paysage, lui. Et alors il était très embêté, parce qu'il était très
angoissé, il était inhibé dans son action, et ne sachant pas ce qu'il fallait
faire et ce qui allait lui tomber sur la figure, il a découvert les lois de la
physique d'abord. Il s'est cru libre du fait qu'il avait son langage qui lui
permettait de manipuler le monde avec des mots... Et il a inventé des règles.
Des règles qui étaient les religions, les morales, les lois, les Etats, etc. Ces règles, elles sont strictement
abstraites. Et elles défendent et elles protègent quoi ? Non pas la
structure de l'individu, mais la structure du Groupe. Or comme ce Groupe se
trouve dans un espace, et qu'à côté de lui, il y a d'autres Groupes, qui
veulent aussi bénéficier des mêmes avantages, il y a compétition entre les Groupes, et finalement c'est l'Espèce
entière qui est en train d'en crever, c'est tout"
Professeur Henri Laborit.
Radioscopie J. Chancel, France Inter.
Radioscopie J. Chancel, France Inter.
5 février 1980
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